septembre 10

Pourquoi ‘Affronter ses Peurs’ est le Plus Mauvais Conseil du Siècle !

Introduction: L’Impasse de « Faire Face à Vos Peurs »

Lorsque vous parlez de vos angoisses autour de vous, il y a toujours quelqu’un pour dire : “Affronte tes peurs” 

Oui, comme si c’était un jeu d’enfant. Comme si vous  pouviez juste enfiler un costume de super héros et vous lancer dans la bataille ! 

Imaginez un peu le tableau : vous êtes sur l’autoroute pour affronter un marathon Paris-Bordeaux. 

Ou bien au milieu du tourbillon d’un supermarché un samedi après-midi. 

Mieux encore enfermé(e) dans l’ascenseur de la tour Montparnasse ou, pour les amateurs de sensations fortes, plongé(e) dans l’obscurité du gouffre de Padirac. 

Et puis soyons fous ou folles, vous pourriez même sauter en parachute pour combattre votre peur du vide. 

Si après tout ce que je vous ai dit vous commencez à avoir des sueurs froides, c’est normal ! 

En effet, ce n’est pas si simple ! Est-ce que cette méthode fonctionne ? C’est ce que vous allez voir dans ce texte. 

Les Inconvénients des Conseils Génériques comme affronter ses peurs

Vous sentez-vous souvent incompris(e) lorsque l’on vous conseille de « faire face à vos peurs »? 

Vous n’êtes pas seul(e). 

Dites-moi dans les commentaires si on vous a déjà dit cela et comment vous l’avez vécu ? 

Cette idée est largement répandue, non seulement chez les non-initiés qui ne comprennent pas la réalité des crises d’angoisse, mais aussi chez certains professionnels de santé.

Selon eux, il suffirait de faire le grand saut une bonne fois pour toutes, et tout disparaîtrait comme par magie. Cette approche peut fonctionner pour une poignée de personnes, mais la plupart du temps, c’est un échec garanti.

Mais ne vous inquiétez pas, je suis là pour vous aider à arrêter ce combat inutile. 

Une Aventure Personnelle: Le Grand Huit de l’Anxiété

Laissez-moi partager avec vous une petite histoire qui m’est arrivée quand je vivais en Alsace. 

J’étais allé avec mes collègues à Europa-Park, un parc d’attractions que certain(e)s d’entre vous connaissent peut-être.

A cette époque, je n’étais pas vraiment fan des hauteurs, mais ça ne m’empêchait pas de monter dans une grande roue, comme je l’avais déjà fait à Paris.

Ce jour-là, nous avons décidé d’essayer un grand huit nommé Silver Star. 

Vous connaissez peut-être si vous habitez dans l’Est de la France ! 

Pour vous donner une idée, imaginez une ascension vertigineuse de 73 mètres, une descente tout aussi impressionnante de 67 mètres et une vitesse maximale de 127 km/h. 

Rien que d’y penser, ça donne des frissons, non ?

Je n’avais pas vraiment d’appréhension. Je pensais : « Allez, ça va être fun ! »

Sauf que… ça a été tout sauf fun. Imaginez-vous dans un train qui vous précipite à 127 km/h dans le vide, à un angle de 68°. 

C’est comme si vous alliez vous écraser en ligne droite dans le décor, mais au dernier moment, le train amorce un grand virage et s’arrête.

« Ouf, je suis toujours en vie ! » ai-je pensé à la sortie du manège. 

 Mais j’étais traumatisé, même si je ne m’en suis rendu compte que plus tard.

Après cette expérience, j’ai remarqué que j’avais du mal à prendre les virages sur les autoroutes et les sorties d’autoroute. 

Mes mains devenaient moites, je sentais une chaleur envahir tout mon corps. C’était gérable, je ralentissais un peu et ça allait mieux.

Mais le vrai problème, c’est que ma peur des hauteurs s’est intensifiée. Je n’osais même plus monter sur mon propre toit, et monter dans une grande roue était devenu inenvisageable.

En fait, le Silver Star avait exacerbé ma peur.

Par la suite, j’ai réussi à atténuer cette peur en m’exposant progressivement aux hauteurs.

Mais vous voyez, cette histoire illustre parfaitement pourquoi confronter brutalement ses peurs peut être contre-productif.

Les Mécanismes de la Peur: Étude de Cas et Éclairage Scientifique

 Si vous n’êtes pas suffisamment préparé(e), l’exposition à la peur peut augmenter votre anxiété et provoquer un effet rebond, où la peur se trouve alors renforcée.

 Et dans le cas d’une exposition trop intense, comme ça a été le cas pour moi, cela peut même créer un traumatisme, surtout si ce dernier est lié à une peur antérieure, même légère.

J’espère que cela met en lumière l’importance d’approcher vos peurs avec précaution et progressivité.

La Stratégie du Dompteur: L’Approche Comportementale

En thérapie comportementale, la bienveillance est essentielle. On ne se bat pas contre son cerveau ou ses peurs. 

Un peu comme si vous étiez un dompteur dans un cirque face à un tigre, le combat est perdu d’avance et il va falloir ruser. Donner à  manger au tigre, faire claquer le fouet pour lui faire peur sans le toucher.

Le Piège du Combat Direct: L’Effet Yoyo dans la Perte de Poids

Prenons l’exemple de la perte de poids. Vous décidez de manger moins pour maigrir rapidement. Au début, vous perdez beaucoup. Vous êtes heureux(se). Mais cette joie est éphémère.

Le corps voit cela comme une famine. Il économise l’énergie. Vous brûlez moins de calories. Votre corps change aussi au niveau hormonal. 

Il produit plus de ghrélines, une hormone qui stimule l’appétit. Il produit moins de leptines, qui signalent la satiété.

Votre cerveau vous poussera alors vers les sucreries et les aliments gras. Vous reprenez rapidement du poids. C’est l’effet yoyo.

Une étude publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition le confirme. 80% des gens reprennent leur poids perdu, voire plus, dans les deux ans.

Il est donc inutile de lutter contre votre cerveau. L’astuce est de maigrir progressivement. Réduisez lentement vos apports alimentaires. Le cerveau ne s’en apercevra pas. Il faut savoir ruser.

Le Chemin Vers la Guérison: La Progression Plutôt que le Combat

Il en est de même pour la peur. Vous avez peur des hauteurs ? 

Commencez par monter sur le troisième barreau de l’échelle. Faites-le chaque jour, jusqu’à ce que la peur diminue. Ensuite, passez au quatrième barreau, et ainsi de suite. Vous n’êtes plus dans le combat, mais dans la progression.

L’ACT: L’Acceptation et l’Engagement Thérapeutique

Il faut cependant pratiquer ce que l’on appelle l’acceptation. C’est un concept clé de l’ACT, ou thérapie d’acceptation et d’engagement.

Le principe est simple. Acceptez l’anxiété et toutes les sensations physiques qu’elle entraîne. N’essayez pas de les supprimer ou de les contrôler. Restez avec elles.

Cela peut paraître contre-intuitif. Pourtant, plus on observe une émotion, une sensation, plus on la ressent sans la combattre, plus elle s’atténue.

Cela peut être difficile à accepter, surtout si on vous a toujours dit : « N’aie pas peur, n’y pense pas, chasse la pensée. »

En réalité, plus on la chasse, plus on la combat, plus elle revient en force. Comme un boomerang.

Vivez comme vous le souhaitez, même si vous ressentez de l’angoisse. Elle finit toujours par passer.

Rassurez-vous en vous disant : « Ne t’inquiète pas, c’est là pour le moment, mais ça va passer. »

Étude de Cas: Le Parcours de Benoît

Benoît, âgé de 32 ans, un de mes patients  souffrait d’agoraphobie depuis plusieurs années. 

Cela avait commencé par une peur de se retrouver dans des espaces ouverts, puis cela avait évolué jusqu’à ce qu’il ait peur de quitter sa maison. Il avait essayé diverses formes de thérapie, mais rien ne semblait fonctionner. C’est alors qu’il a découvert la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT).

Pour la première étape, j’ai aidé Benoît a travailler sur la défusion cognitive

Cela impliquait de se rendre compte que ses pensées n’étaient que des pensées, pas la réalité.

Il a appris à dire « j’ai la pensée que je vais paniquer si je sors » plutôt que « je vais paniquer si je sors ». Cela a créé une certaine distance entre lui et ses pensées, lui permettant de ne pas se laisser emporter par elles.

La deuxième étape de l’ACT pour Benoît a été d’accepter ses sentiments d’anxiété et de peur plutôt que de lutter contre eux. 

Plutôt que de voir ces sentiments comme des ennemis à combattre, il a appris à les voir comme des réactions naturelles de son corps à certaines situations.

Cela a aidé Benoît à ne plus se sentir en guerre avec lui-même, ce qui a réduit son niveau général d’anxiété.

Benoît a également travaillé sur ses valeurs, c’est-à-dire sur ce qui était vraiment important pour lui dans sa vie. Il a réalisé qu’il  aimait être à l’extérieur, explorer de nouveaux endroits et passer du temps avec ses amis et sa famille. 

Cela lui a donné une motivation pour commencer à s’exposer tranquillement à sa peur. 

Au début, cela signifiait simplement sortir de sa maison pendant quelques minutes chaque jour. Il a ressenti de l’anxiété en faisant cela, mais il a appris à accepter cette anxiété plutôt que de la laisser le contrôler. Avec le temps, il a pu augmenter progressivement le temps qu’il passait à l’extérieur et à explorer de nouveaux endroits.

Après 3  mois de thérapie, Benoît a réussi à surmonter son agoraphobie

Il ressentait encore de l’anxiété, mais il avait appris à l’accepter et à ne pas la laisser l’empêcher de vivre la vie qu’il voulait.

 Pour Benoît, l’ACT a été une véritable bouée de sauvetage, lui permettant de reprendre le contrôle de sa vie.

Conclusion: Les Limites et les Possibilités de l’Acceptation

Attention l’acceptation a ses limites car elle n’est pas une baguette magique, ce n’est pas une solution ultra rapide et elle nécessite un peu de temps et de pratique et souvent l’aide d’ un thérapeute. 


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